dimanche 30 novembre 2008

la Dame de fer....Qu'elle se rouille à jamais !



Ces temps-ci vous pouvez aller voir dans les salles le film de Steve Mac Queen " Hunger ", qui retrace la lutte dans les geôles anglaises des membres de l’IRA pour être reconnu prisonniers politiques, ce qu’ils étaient d’ailleurs.
Mais replaçons cette histoire dans son contexte, Mme Thatcher était premier ministre d’ Angleterre. Depuis la victoire de la Boyne sous LouisXIV auxquels les français participèrent dans les deux camps : protestants d’un coté catholiques de l’autre, l’Ulster province d’Irlande est demeurée sous la coupe anglaise. Cette victoire est d ‘ailleurs fêtée chaque année de manière imbécile et provocatrice par les protestants en allant défiler dans les quartiers catholiques de Belfast et de Londonderry.
Ainsi la Miss Thatcher appelée improprement la Dame de fer arriva un jour à la chambre des communes en pleurs alors que Bobby Sands se mourrait de sa grève de la faim et qu’un mot d'elle aurait suffi pour qu’il stoppe son agonie. Mais " la dame de fer " ne pleurait pas sur le sort d’un pauvre irlandais catholique, mais non ! Il y avait plus grave : son propre fils à peine plus âgée que Bobby, s’était perdu dans les sables du Sahara au cours d’un des premiers Paris Dakar. Bien sûr on retrouva le fils Thatcher sain et sauf et Bobby Sands mourut de son entêtement à vouloir défendre la condition des Irlandais de l’Ulster citoyen de seconde zone de cette province depuis des siècles. L’honneur de l’Angleterre était sauf alors qu’une une mère irlandaise pouvait pleurer silencieusement la mort de son fils de vingt ans. .
Pendant que la dame de fer se rouille …des larmes de ses remords j’espère, pour cela je lui souhaite longue vie ; Bobby, tu manques à ce siècle sans âme et sans honneur.
J'ai vu de près les Rois, et mes illusions politiques se sont évanouies
François René de Chateaubriand

lundi 24 novembre 2008

Népal

Tour du Manaslu












17 jours de marche, 300kms, 12.500m de grimpe, 12.100 de dégrimpe, passage d’un col à 5200m, telles sont les données du tour du Manaslu. Et 12 participants européens, 6 Sherpas Gurung, 4 cuisiniers, 30 porteurs au départ.

Mais derrière ces chiffres bruts, que d’émotions partagées entre tous !
Un petit homme, Ram, notre guide, au sourire d’argent comme l’a dit si bien Françoise, d’un groupe hétérogène a su faire une équipe soudée, unie, prête à affronter le froid des nuits sous tente à 4500m, les montées interminables :1800m une fois !, les bobos de chacun, la mauvaise humeur des petits matins glacés, l’énervement devant le sac dont le fouillis toujours dissimulait l’indispensable, le souffle court des poumons rétrécis par l’altitude, l’angoisse du mal des sommets nécessitant une descente rapide bref... l’abandon.

Mais le fléau de la balance a basculé d’un autre coté, nos petites misères d’occidentaux confortisés, nos soucis familiaux, professionnels sont d’un coté, et de l’autre la rencontre avec ce peuple des montagnes aux Namasté souriant, grands et petits, hommes ou femmes, à la porte de leur demeure ou sur le chemin ployant sous de lourdes charges, tous ils répondaient à notre salut, se prêtant avec gentillesse à la sollicitation d’un cliché, nous invitant même parfois à pénétrer dans leur modeste demeure pour un thé au beurre rance.
Et que dire de la beauté des visages … du bacha (bébé) emmailloté au vieillard à la peau ridée, reflet d’une âme simple préoccupée de l’essentiel. Les sommets qui nous émerveillaient se reflétaient dans leur regard plein de douceur mêlé d’étonnement devant notre incongruité soucieuse de petits riens …

Et nos Sherpas au sourire pérenne, répondant à toutes nos sollicitations sans témoigner du moindre agacement, prêts à soutenir nos pas chancelants dans les descentes glacées, à porter les sacs des plus fatigués, le matin au réveil une tasse de thé à la main et le soir le pas langoureux pour danser avec nous des Resam Phiriri endiablés.
Et l'équipe de cuisiniers qui dès l’aube préparaient le PPDM. Devaient ensuite tout empaqueter pour nous doubler et préparer le déjeuner dans un site reposant et le dal baat ou les momos du soir, tout cela accroupis devant leur réchaud au kérosène puant dont ils savaient étouffer l’odeur par de subtiles épices sans pour autant déranger nos estomacs délicats et aseptisés d’occidentaux.

Et puis enfin, il suffisait de lever les yeux pour que toutes fatigues et douleurs disparaissent devant ces paysages fabuleux, ces gorges encaissées au torrent bondissant, ces cimes enneigées trouant la verdure des forêts pour atteindre l’azur. Ces villages aux maisons colorées au milieu des rizières étagées telles de gigantesques escaliers domestiquant l’abrupte pente jusqu’aux demeures de pierre aux toits de lauzes des villages tibétains tassés les unes contre les autres pour mieux se fondre aux rochers environnants et devenir ainsi quasi imperceptibles.

Il y avait là pour admirer ces merveilles, dompter leur angoisse, se dépasser soi-même, seule compétition sans tricheries, un coiffeur, trois docteures, deux pompiers, une puéricultrice, un expert comptable, un chef d’entreprise, un retraité, un ingénieur et Françoise notre liégeoise qui me pardonnera d’avoir oublié le métier.
La diversité des métiers n’étaient que peu à coté de celle des âges de 20 à 71 ans !
On ne pouvait rassembler plus divers et pourtant nous avons ensemble, gravi, dévalé, peiné, ri, admiré, dansé, prié le Bouddha tournant les moulins à prière au mystérieux tantra " OM MANI PADME UM " , visité les gompas colorés aux Boditsavas enluminés. Les larmes retenues au bord des yeux, nous nous sommes serrés dans les bras au Larke pass, point d’orgue de ce trek.
Bref nous avons vécu ensemble des moments inoubliables à tout jamais imprimés dans nos mémoires.
Jean Paul, Francis, Olivier, Anne Chantal, Brigitte, Hervé, Françoise, Stéphanie, Sandra, Nicolas, Rémi, que tous soient remerciés, tous furent indispensables à la réussite de ce voyage.

En ce qui me concerne, doyen de ce trek, peut-être n’aurais-je pas l’occasion de revenir dans ces montagnes magiques, aussi mon écharpe (Kata) offerte à l’arrivée au Népal est restée accrochée au filin d’un pont suspendu, signe de mon attachement à ce pays merveilleux mais aussi merci à tous ceux qui m’ont accompagnés durant mes trois treks et qui pour certain(e)s nous ont quitté(e)s.
S’il y a des lieux ou souffle l’esprit le Népal en est un et non des moindres.


Danaybad ,Feri betonia à tous

JJ

La nature est belle et rude là haut, elle pèse de tout son poids et jamais ne se laisse oublier. mais à défaut de la maîtriser, les hommes s'y sont adaptés et surtout l'ont traversée en tout sens : d'un rempart, ils ont fait un carrefour.

Gysèle KRAUSKOFF - ethnologue