jeudi 19 août 2010

Présumé Terroriste


En partance pour les USA, nous avions un projet de voyage au parc de Yellowstone. A l’occasion d’un précédent voyage dans l’Ouest nous avions aimé cette nature sauvage magnifiquement conservée dans cet endroit.
Rien d’autre ne nous intéressait plus de cet immense pays aussi nous avions décidé d’atterrir au plus près du parc à Jackson Hole. Projet trop ambitieux eu égard à la paranoïa qui règne aux US depuis le 11 septembre 2001.
Le trajet nécessitait deux changements d’avion, l’un à Toronto, l’autre à Denver. Le premier avec une heure trente pour le transfert, l’autre trois heures ce qui nous semblait amplement suffisant pour satisfaire à un contrôle d’immigration chatouilleux. C’était sans compter sur la rigueur obsessionnelle des services de l’immigration US qui à notre étonnement avait déplacé leurs services à Toronto pour tous les passagers à destination de leur pays.
Contrairement aux informations données à Charles de Gaulle il fallait en tout premier lieu récupérer ses bagages, ensuite se diriger vers les augustes représentants de l’ordre américain, à la mine aussi accueillante qu’une porte d’Alcatraz. Pourtant j’avais une certaine expérience de ce type de personnage abusant d’autant plus de leur autorité qu’elle leur fait souvent défaut dans la vie courante.
J’ai eu affaire tour à tour en naviguant aux services équivalents des Soviétiques dans les années cinquante, des mêmes américains dans les années soixante mais à la différence près que ces vérifications se faisaient en territoire français, sur notre navire, ce qui tempérait largement leurs ardeurs Kafkaïennes.
Mais la destruction des Twins Towers était passée par là transformant tout simple touriste désirant visiter les US en porteur d’explosifs divers et variés cachés aux endroits les plus incongrus de son corps et de ses bagages. De mon temps ces services se contentaient d’interroger les navigants sur leur intention de tuer le Président de ce « pays sans nom » comme le dénomme si justement le cinéaste Jean Luc Godard, c’était, faut-il le préciser un an avant Dallas !
Pour en revenir à notre destin de présumé terroriste, nous nous trouvâmes face à une incurie complète des autorités canadiennes car si le contrôle migratoire était sous la coupe des autorités US, l’organisation générale demeurait quand même aux autorités des locaux.
La cohue étant intense, labyrinthe de passagers à perte de vue, il était évident que de nombreux avions partiraient sans leurs passagers ceux-ci étant admis en priorité à se présenter aux aimables représentants de la bannière étoilée que 15 minutes avant le décollage. Nul besoin de préciser que cette urgence ne concernait en rien les représentants de cette nation assiégée de toute part par la gent terroriste. Ceux-ci poursuivaient à leur rythme, sans émotion aucune, leurs vérifications tatillonnes. Bien que nous ayons fait une demande préalable de visa par Internet accordée sans problème, que nous ayons rempli le document fourni dans l’avion mais rédigé en Français, il fallu subir à nouveau l’interrogatoire des agents Yankees.
Notre document rédigé en Français n’eut pas l’air de plaire à l’agent féminin de l’anti terrorisme, elle ne voulait que des imprimés rédigés en langue noble et non en patois. C’est bien connu les Français ont une certaine habitude de la mauvaise volonté administrative aussi nous persistâmes en refusant de rédiger un formulaire en Angliche, nous avons alors été redirigé illico presto vers une autre file où sévissait un agent apparemment plus compréhensif ou ayant quelques notions de patois. A ce stade je maudis Louis XIV qui au lieu de faire la guerre à toute l’Europe s’était un peu plus intéressé au nouveau monde celui-ci parlerait français, quel bonheur !
Le malheureux Louis XVI tenta de rattraper l’erreur de son aïeul en aidant les insurgés à devenir américain. A notre grand étonnement étant aux US le 4 juillet : Independance Day, nous ne vîmes aucune mention de la France que ce soit dans la presse ou ailleurs. A croire que Sadam a effacé de leur mémoire Lafayette, Rochambeau et Chesapeake !
Mais revenons à notre parcours de l’immigrant stressé, après enregistrement des empreintes des dix doigts de la main, les pieds ce sera pour le prochain attentat ! Mais oh scandale ! nous nous étions trompés de ligne pour la signature, dans la foulée, refus de nous prêter un crayon, ordre de retourner rédiger correctement notre fiche à l’endroit prévu à cet effet en perdant notre tour bien évidemment. Retour dans la file et de nouveau photographie, empreintes quelquefois qu’en cours de route nous ayons changé de tête ou de mains.
Inutile de préciser qu’après cette série d’aller et retour notre avion s’envola sans nous et nous nous retrouvâmes avec une dizaine d’autres passagers sans autre solution que de passer une nuit à Toronto, un autre jeune Français nous accompagnait lui avait le malheur d’avoir seize ans et de voyager sans ses parents, l’interrogatoire se prolongea, ce jeune du décliner l’identité de toute sa famille ascendants compris, heureusement que sortant tout juste de sa classe de première il n’avait pas eu encore le temps de bronzer !
Alors amis touristes si vous passez par Toronto en direction du pays sans nom jeter par le hublot l’imprimé en français, et faites attention de bien rédiger votre formulaire angliche vous aurez alors une chance de ne pas rater votre correspondance.
Rentré en France j’appris que d’après un sondage de je ne sais quelle origine, l’aéroport Charles de Gaulle était classé comme le plus merdique au monde (sic) !
A ce sujet essayez de trouver des journaux en langue française dans les aéroports US, j’ai testé, Détroit, San Francisco, Denver et aussi Calgary au Canada, pays sensé être bilingue…que dal ! Mais quelle idée de voyager sans parler angliche couramment.
Ah ces Français quels râleurs !

Nota : Je dois préciser qu’ensuite les agents d’United Airlines ont été parfaits pour nous trouver des vols le lendemain afin d’arriver à Jackson Hole à la mi-journée et les autorités canadiennes ont pris à leur charge les frais d’hôtel.